Hommage à un ami
Raymond Novion (1932-2002)
Raymond Novion est né en 1932 à Romans-sur-Isère mais a passé toute son enfance et son adolescence à Paris, qu'il quitte seulement en 1961. Nanti de son certificat d'études, il entre, au lendemain de la guerre, comme apprenti à la Manufacture des Gobelins où il apprend le métier de lissier, tout en suivant l'enseignement de la couleur auprès du peintre Filassier et les cours d'histoire de l'art de Madeleine Rousseau. Au début des années cinquante, il collabore aux travaux de cette dernière qui seront alors régulièrement publiés par la revue Le Musée vivant. Désireux de se détendre des longues et pénibles heures passées sur le métier, il s'essaie à la danse et côtoie le jeune Maurice Béjart qui dansera pour les Ballets de l'Etoile. C'est pour cette compagnie que R. Novion réalise les costumes et décors de ballet «Saint François de Paule marchant sur les flots» (1954).
Ayant quitté le milieu de la danse, il se consacre plus exclusivement à la peinture et expose à la galerie «Le Soleil dans la Tête» (1958) qui soutient alors les jeunes talents proches encore de l'esprit surréaliste. Les oeuvres de R. Novion, à cette époque, exaltent une inspiration où se mêlent univers onirique, inspiration néo-celtique et mythes anciens. Les années d'apprentissage s'achèvent, à la fin d'une décennie riche en rencontres, par une série de voyages en Allemagne, en Grande-Bretagne, et surtout en Italie (Florence, Rome, Naples), en 1957), grâce à une bourse d'études octroyée par le Ministère des Affaires étrangères.
Lissier titulaire aux Gobelins depuis 1949, il accepte en 1961 un poste de professeur à l'ENAD d'Aubusson, où il participera à la refonte de cet enseignement artistique et au renouveau de la tapisserie. Il collabore à différentes biennales consacrées à la tapisserie contemporaine tout au long des années soixante-dix, et poursuit en parallèle une production de gouaches inspirées des paysages littoraux bretons et marquées par une approche synthétiste de la couleur et des formes. Détaché par le Ministère de la Culture auprès de la Mairie de Brest, il prend en 1979 la direction de l'Ecole des Beaux-Arts de la ville.
Les années quatre-vingt le voient abandonner la tapisserie pour se consacrer plus spécifiquement au collage, où il retrouve une manière plus onirique qui combine des figures humaines stylisées, des images maritimes et des images obsessionnelles. Ses derniers dessins, plus volontiers élaborés aux crayons de couleurs, renvoient toujours et encore à l'univers des marins de Mac Orlan, passants d'un Brest fantasmé sans cesse réactivé par la cité d'aujourd'hui. Les personnages graciles, nés d'une angoisse mâtinée d'humour, apparaissant et disparaissant au fil des pages des premiers numéros de la revue Inverses, illustrent bien cet univers «symboliste», étrange et prosaïque, qu'il a plutôt concocté en secret, ne cédant que sporadiquement et par amitié au rite de l'exposition ou de la publication.
Norwena Novion
Brest, 11 février 2003
Vous découvrirez deux oeuvres de Raymond Novion reproduites dans le n° 3 d'Inverses
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Au sommaire du n° 3 d'Inverses figure un hommage à notre collaborateur et ami Raymond Novion, disparu en 2002.
Vous pourrez notamment y découvrir plusieurs de ses oeuvres.